Sous cette vidéo, vous trouverez :
- un résumé de la conférence
- les liens pour écouter les extraits musicaux en entier
Pour toute question, n’hésitez pas à me joindre à contact@ecouteclassique.com ou directement au +33(0)661817759.
Bonne écoute !
Jean-Jacques Griot, fondateur du site EcouteClassique.com (que vous pouvez découvrir en cliquant sur les différentes rubriques en haut de cette page) et auteur de deux livres :
– Ecouter la musique classique, ça s’apprend, Editions Eyrolles
– Méditer avec la musique classique, co-écrit avec Gaëlle Piton, Editions Eyrolles
Résumé de la conférence :
La musique est une bande-son de la journée du Roi.
MUSIQUE 01 : Ballet de la Merlaison, Louis XIII, 1635 : Cliquez ici
Louis XIV, comme son père passe du temps dans ce petit château à Versailles pour la chasse et puis à partir de 1662, avec Madame de La Vallière sa maîtresse depuis une année.
1664 : Les plaisirs de l’île enchantée
Ouverture à la française : lent (rythmes pointés) / vif / lent. Ouverture à l’italienne (vif / lent / vif)
MUSIQUE 02 : Plaisirs de l’île enchantée, le défilé des saisons, J-B Lully, 1664 : Cliquez ici
1682 : Installation à la cour de Versailles, Louis XIV a 44 ans.
Selon vous, ou est Louis XIV quand il entend cette musique et quelle heure est-il ? (à la messe quotidienne)
MUSIQUE 03 : Dominus regnavit, S. 65 No. 8, Lux orta est justo, Michel Richard De Lalande, 1704 : Cliquez ici
La messe quotidienne, à 10 h
Il accède directement à la tribune de la Chapelle, située en hauteur et les courtisants sont au parterre.
On lui donne un des Livres du Roi, qui lui permettent de connaître le texte des motets qui vont être chantés ainsi que le nom du compositeur.
En 1702, on compte en tout 94 chanteurs masculins auxquels s’ajoutent 15 instrumentistes pour l’orchestre : on a donc une centaine de musiciens installés dans cette tribune en hauteur qui accompagnent la messe chaque jour qui dure environ 30 minutes.
Les Motet à grand choeur
Le motet regroupe des morceaux variés sur un texte liturgique chanté en latin. Il y a des passages uniquement instrumentaux joués par l’orchestre, d’autres chantés par des solistes, d’autres chantés par le choeur toujours accompagnés de l’orchestre bien-sûr.Suivre les vocalises qui figurent la joie :
MUSIQUE 04 : Venite Exultemus Domino, Michel Richard De Lalande, 1701 : Cliquez ici
Concours du maître de chapelle, mars 1683
Chacun d’entre eux s’occupera de ce que l’on appelle un quartier. L’année est divisée en 4 quartiers (de janvier à mars, avril à mai etc..) et chaque compositeur prend la charge d’un quartier : c’est à dire que pendant la période qui lui est assignée, il doit composer les motets pour la messe quotidienne. Choisir 4 sous-maîtres, c‘est l’assurance de renouveler en profondeur le répertoire et d’enrichir les pratiques.
35 candidats répondent à l’appel du Roi : poste très convoité, ils viennent de la France entière et même quelques musiciens d’origine étrangère.
Il ont 6 jours pour composer un motet sur un psaume imposé. Le psaume 31 « Beati quorum remissæ sunt S5 (1683) » : ils doivent mettre en musique des notions aussi contrastées que l’affliction, la liesse, la fierté ou la sérénité. Puis on tire au sort l’ordre dans lequel les motets seront exécutés devant le Roi et la cour, à raison d’un motet par jour, toujours pendant la messe.
Lully soutient Pascal Colasse, le plus fidèle de ses disciples et son assistant, Pierre Robert penche pour Guillaume Minoret, Bossuet soutenu par la dauphine presse pour Nicolas Goupillet, et le Roi choisit Michel-Richard de Lalande, il a 26 ans, il avait déjà été remarqué 5 ans plus tôt pour le poste d’organiste du Roi mais pour lequel il avait été jugé trop jeune. Il va devenir le musicien emblématique de Versailles et cumuler un nombre impressionnant de charges dans la musique du Roi, tant à la Chapelle qu’à la musique de la chambre.
Organisation de la musique à Versailles
A Versailles, il faut fournir 2 à 3 motets par jour ! Bien-sûr pour tenir le rythme on réutilise des motets précédemment composés. Mais les sous-maîtres sont tenus de composer de nouvelles œuvres pour augmenter et renouveler le répertoire. Pas question de se reposer sur ses lauriers.
1 – La Chapelle du Roi est divisée en deux corps : la Chapelle-Oratoire qui réunit les ecclésiastiques qui célèbrent la liturgie (ils ne sont pas musiciens) et la Chapelle-Musique qui regroupe les musiciens ; ces musiciens sont placés sous l’autorité du maître de la Chapelle-Musique, qui est un haut dignitaire de l’Église, et qui est non-musicien. Pour écrire la musique de la Chapelle, il y a donc les sous-maîtres de Chapelle, les compositeurs qui travaillent par quartier
2 – La musique de la Chambre du Roi eux ne se produisent qu’à la demande du Monarque ou de sa famille ; ils sont placés sous l’autorité du premier gentilhomme de la Chambre. Ces musiciens, non permanents sont aussi beaucoup sollicités par les « Menus-Plaisirs » qui étaient en charge de toute l’organisation des fêtes et cérémonies et spectacles de cour. Ils ne jouent pas de musique sacrée, il jouent de la musique profane, les opéras à la française, les tragédies lyriques dont nous allons parler juste après.
3 – L’écurie du Roi divisé en deux corps, la petite écurie et la grande écurie, Seule la Grande Ecurie avait ses musiciens, il sont chargés de jouer pour les cérémonies officielles et les parades. Ils sont placés sous l’autorité du premier écuyer de la Grande Ecurie.
La chasse en musique
On le sait peu mais la vénerie, qui est l’art de la chasse à courre, a enrichi à la fois la musique mais aussi la facture instrumentale durant tout le règne de Louis XIV. La musique, pendant une chasse est fonctionnelle avant tout, elle permet de communiquer des messages à distance dans la forêt, par exemple le départ de la chasse en musique, ou la vue d’un animal que l’on chasse, ou encore l’appel des chiens. Et souvent les musiciens sont a cheval, vous vous imaginez jouer de le trompette sur un cheval, une main sur la bride et l’autre sur l’instrument ?
Vers 1680 Rollin et Jacques Crétien, inaugurent une trompe qui va êter très vite adoptée pour les chasses du roi.
Et on retrouve cet instrument dans un célèbre divertissement musical qui s’intitule « la Chasse du Cerf » composé par Jean-Baptiste Morin.
MUSIQUE 05 : la Chasse du Cerf, J-B Morin, 1707 : Cliquez ici
Ce divertissement connaît un grand succès qui ne se dément pas tout au long du XVIIIe siècle.
La Tragédie lyrique , un opéra français
Prologue à la gloire du Roi.
Prologue d’Armide de J-B Luly
Voici les paroles :
LA GLOIRE
Tout doit céder dans l’univers À l’auguste héros que j’aime. L’effort des ennemis, les glaces des hivers,Les rochers, les fleuves, les mers, Rien n’arrête l’ardeur de sa valeur extrême
LA SAGESSE
Tout doit céder dans l’univers À l’auguste héros que j’aime. Il sait l’art de tenir tous les monstres aux fers, Il est maître absolu de cent peuples divers, Et plus maître encore de lui-même
LA GLOIRE et LA SAGESSE
Tout doit céder dans l’univers À l’auguste héros que j’aime.
LA SAGESSE ET SA SUITE
Chantons la douceur de ses lois
LA GLOIRE ET SA SUITE
Chantons ses glorieux exploits
MUSIQUE 06 : Armide, J-B Lully, Prologue, 1686 : Cliquez ici
La voix française de haute-contre :
Air de Renaud
Plus j’observe ces lieux
Et plus je les admire
Ce fleuve coule lentement
Et s’éloigne à regret d’un séjour si charmant
Les plus aimables fleurs
Et les plus doux zéphyrs
Parfument l’air qu’on y respire
Non, je ne puis quitter des rivages si beaux
Un son harmonieux se mêle au bruit des eaux
Les oiseaux enchantés
Se taisent pour l’entendre
Des charmes du sommeil
J’ai peine à me défendre
Ce gazon, cet ombrage frais
Tout m’invite au repos
Sous ce feuillage épais
MUSIQUE 07 : Armide, J-B Lully, haute contre, 1686 : Cliquez ici
Les récitatifs à la française.
Récitatif d’Armide
La force :
Enfin il est en ma puissance,
Ce fatal ennemi, ce superbe vainqueur
Le charme du sommeil le livre à ma vengeance
Je vais percer son indicible coeur.
Par lui tous mes captifs sont sortis d’esclavage.
Qu’il éprouve toute ma rage ?
Puis notez le changement sur les mots suivants :
Quel trouble me saisit ?
Qui me fait hésiter ?
Qu’est ce qu’en sa faveur la pitié me veut dire ?
Frappons !
Ciel qui peut m’arrêter, Achevons etc.
Je frémis
Vengeons-nous !
Je soupire…
MUSIQUE 08 : Armide, J-B Lully, enfin il est en ma puissance, 1686 : Cliquez ici
Les divertissements.
MUSIQUE 09 : Armide, J-B Lully, passacaille, 1686 : Cliquez ici
Réception du shah de perse en février 1715.
Mercure galant :
« Le matin du 19 février, on alla dans le carrosse du roi chercher l’ambassadeur à l’hôtel des ambassadeurs, pour le conduire à Versailles. On s’arrêta avenue de Versailles chez Bontemps, le premier valet de chambre du roi, pour donner aux visiteurs et sa suite des chevaux frais avec les trompettes du roi destiné pour accompagner sa marche. Arrivé au château, l’envoyé trouva dans l’avant-cour les gardes françaises et suisses, au nombre de 2000 hommes sous les armes, les tambours appelants. A 11 h du matin, il traversa la cour à pied, pour aller à l’audience du roi par le degré, qui conduit au grand appartement de Sa Majesté, précédé des huit trompettes du roi. Il gravit le plus grand escalier ou se trouvaient les cents Suisses en habit de cérémonie, la hallebarde à la main et traversant le grand appartement. Le trône de Sa Majesté, élevé de huit marches, était au fond de la galerie de son grand appartement, en sorte que l’ambassadeur arrivant par la porte qui est à l’autre bout de la galerie, aperçut en entrant Sa Majesté assise sur son trône, ayant auprès d’elle Monseigneur le dauphin, et tous les princes de la maison royale ».
MUSIQUE 10 : Marche de triomphe, Philidor : Cliquez ici
Les soirées d’appartements :
À partir de l’automne 1682, le roi donne trois fois par semaine, de la Toussaint à Pâques, des réceptions dans son grand appartement, en principe le lundi, le mercredi et le jeudi de 18 heures ou 19 heures jusqu’à 22 heures. C’est un « divertissement, accompagné de musique, et de jeu ».
Marc Antoine Charpentier rédige Les plaisirs de Versailles, divertissement dont la scène se passe dans le grand appartement du Roi. Il y a 4 chanteurs : la musique, la conversation, le jeu et Comus le dieu des festins.
Scène 1 : la Musique se réjouit de son pouvoir sur les hommes, et d’être chérie du “plus fameux de tous les conquérants”. (hommage à Louis XIV toujours)
Scène 2 : la Musique est interrompue par la Conversation, au babil incessant et indiscret. La Musique accepte de continuer à chanter à condition que la Conversation se taise. Mais celle-ci ne peut tenir sa promesse. La Musique s’en va, quoique la Chœur tente de la retenir.
Scène 3 : Comus est appelé pour réconcilier la Musique et la Conversation. Il est prêt à leur offrir du chocolat, des vins délicieux, des confitures, des tartes. Il finit par leur proposer de jouer aux cartes avec le Dieu du Jeu.
Scène 4 : Le Jeu propose toutes sortes de jeux, mais la Musique ne veut que chanter, et la Conversation ne veut que du chocolat. Pendant que celle-ci se régale de chocolat, la Musique chante les louanges du Roi. La dispute reprend, puis la Musique et la Conversation finissent par se réconcilier, au grand soulagement du Choeur des Plaisirs, pour continuer à “délasser” le grand Roi de ses “travaux guerriers”.
MUSIQUE 11 : Les plaisirs de Versailles, M-A Charpentier, 1682 : Cliquez ici
Les Soupers en musique
C’est un dîner en public avec la famille royale proche et qui dure trois quarts d’heure.
5eme suite des Symphonies pour le souper du Roy de Michel-Richard De Lalande, la préférée de Louis XIV
MUSIQUE 12 : Symphonies pour les soupers du Roi, M. R. De Lalande, 1703 : Cliquez ici
Musique de l’intime
Ce sont de petites formations avec peu de musiciens, (je vous rappelle qu’il est 23h et qu’il faut des musiciens disponibles à cette heure) : ce sera de la musique de chambre, en trio, en duo, c’est le temps des confidences musicales, presque complice comme celle qui existait entre Robert de Visée, le maître de guitare du Roi, qui faisait partie du tout petit cercle de musiciens admis dans sa chambre, écoutez la pièce qu’il a composée pour le Roi et qu’il venait parfois lui jouer le soir :
Robert de VISÉE (ca 1650-1665-après 1732)13. La Mutine. Allemande gaye 1’55(Ms. Vaudry de Saizenay, 1699
MUSIQUE 13 : La mutine, allemande, R. de Visée, Cliquez ici
Propositions d’écoute, concerts à écouter en ligne :
– Musiques du coucher du Roi : Cliquez ici
– Les grands motes de Lully à Versailles : Cliquez ici
Propositions de lecture :
– La musique à Versailles, Olivier Beaumont
– Le Versailles de Louis XIV, Mathieu Da Vinha
– Regards sur la musique de Louis XIV, Jean Duron
– Les valets de chambre de Louis XIV, Mathier Da Vinha